Une situation qui fait suite au recours déposé devant le Conseil d’Etat par le candidat malheureux lors de l’assemblée générale élective du 6 janvier dernier, Me Gilbert Erangah. Ce dernier soutient détenir des preuves démontrant l’achat de conscience de plus de 13 avocats électeurs par l’actuel bâtonnier de l’Ordre des avocats du Gabon. Il réclame de ce fait l’annulation du scrutin avec à la clé une peine d’inéligibilité de dix ans contre Me Lubin Ntoutoume.
En effet, Me Gilbert Erangah vient d’introduire un recours devant le Conseil d’Etat aux fins d’invalidation du scrutin organisé le 6 janvier 2021 qui avait vu triompher Me Lubin Ntoutoume.
Selon le requérant, le vainqueur du jour aurait usé de « manœuvres » de nature à fausser l’issue du scrutin. Et de mentionner, parmi celles-ci, une « manipulation de la liste électorale » ayant consisté, selon lui, dans le dépôt de deux chèques (3 millions et 5,5 millions de FCFA) en dehors du délai fixé par le secrétariat du conseil de l’Ordre. Des chèques tirés du compte personnel du bâtonnier d’une valeur totale de 8,5 millions de FCFA qui, selon Me Gilbert Erangah, auraient servi à payer les cotisations de 13 avocats. Clairement, pour le requérant, ces chèques, « ont contribué à l’achat des consciences des avocats ».
Or, fait pour le moins troublant, l’écart entre lui et le bâtonnier lors du scrutin contesté était précisément de… 13 voix. « Des voix qui auraient pu bénéficier au candidat déclaré perdant si ces derniers avaient voté en toute indépendance ou qu’ils n’avaient jamais pris part au vote si le bâtonnier Lubin Ntoutoume n’avait pas payé leurs cotisations », affirme le requérant.
L’ancienneté et l’âge pourraient jouer en faveur du requérant.
Selon plusieurs connaisseurs du dossier, si l’on considère l’hypothèse d’une possible annulation par le Conseil d’Etat de ces 13 voix, Me Gilbert Erangah se retrouverait à égalité avec Me Lubin Ntoutoume. Or, « l’article 66 de la loi sur la profession d’avocat précise qu’en cas de partage de voix, il est procédé à un 3ème tour pour dégager une majorité simple. Faute de quoi, est proclamé élu le candidat le plus ancien du Grand tableau ou, en cas d’ancienneté égale, le plus âgé ». En l’espèce, le plus ancien et le plus âgé des deux est le requérant. C’est donc Me Gilbert Erangah qui serait désigné bâtonnier dans ce cas.
Affaire à suivre du côté du Conseil d’État à qui, il revient désormais de trancher en toute impartialité.