Selon Myriam Renault d’Allonnes, éminente spécialiste des questions politiques : « Les partis animent la vie politique en remplissant essentiellement deux fonctions : ils servent d’intermédiaires entre le peuple et le gouvernement et ils organisent la conquête et l’exercice du pouvoir ».
Conformément à la seconde fonction, le Parti Démocratique Gabonais, qui ambitionne d’obtenir la majorité au sein de la Première Chambre du Parlement a décidé d’organiser des primaires, pour l’investiture aux élections sénatoriales prévues les week-ends du 30 janvier 2021 pour le premier tour, et du 6 février pour le second tour.
Ainsi, 151 candidats repartis sur l’ensemble du territoire ont été soumis aux votes de 1488 Conseillers.
Pourtant, avant le début de cette élection, certains « détracteurs » avaient qualifié ce scrutin interne d’exercice à risque car disaient-ils « les précédentes expériences, consistant à remettre les militants au centre des décisions, en leur donnant le pouvoir d’élire les responsables de certains organes de leur formation politique, n’ont guère été un long fleuve tranquille ».
Mais l’expérience et le savoir-faire acquis au cours des élections antérieures auxquelles le Parti Démocratique Gabonais a participé, en plus de cinquante ans d’existence, ont permis de boucler, le Samedi 17 janvier 2021, peu avant midi, cet exercice démocratique, sans anicroche, sur l’ensemble du territoire.
Le Parti Démocratique Gabonais qui a toujours eu le triomphe modeste se devait toutefois de préciser qu’il s’agissait d’une « belle leçon de démocratie administrée à l’ensemble du corpus politique national ».
Le doute sur la capacité du Parti Démocratique Gabonais à organiser un tel évènement dans un contexte de crise sanitaire et dans des délais aussi courts étant levé, nos « contradicteurs » se sont paradoxalement donnés le droit d’interpréter à leur guise les résultats d’un scrutin interne au PDG dont ils ne font pas partie !
Certains n’ont pas hésité à affirmer peu après la publication de la liste des candidats retenus que «…Le PDG se paie la tête des candidats vainqueurs des primaires » ou alors « le PDG joue à qui perd gagne ».
On serait tenté de croire qu’ils ont mis en place au sein de leurs formations politiques respectives, un système de désignation de futurs sénateurs qui ne souffre d’aucune contestation.
C’est ici le lieu de rappeler à certains que quand le suffrage universel a été instauré, il a été critiqué par certains parce que toutes les voix ne se valaient pas et que les compétences n’étaient pas égales chez tous (Myriam Renault d’Allonnes).
Or, la prochaine mandature des sénateurs se singularise par le fait qu’elle comptera moins d’élus que la précédente. Celle-ci sera constituée de 52 sénateurs contre 120 pour la précédente mandature. La charge de travail de ces sénateurs sera donc plus importante que celle des sénateurs sortants car ils devront réaliser dans les délais impartis par la loi le même volume de travail que celui des députés qui seront deux fois plus nombreux.
Dans ces conditions, même si le PDG aspire à l’obtention d’une majorité, il se doit aussi d’éviter de favoriser uniquement l’émergence de personnalités à la popularité éprouvée. Le choix des hommes, dans un contexte aussi particulier, pour accompagner le Président de la République dans la réalisation de son projet de société est important.
Ceux qui affirment « qu’En décidant de soumettre les résultats à la sanction d’Ali Bongo, le Secrétariat Exécutif du PDG a vidé le vote de la base de son sens » n’ont rien compris au fonctionnement du Parti. Qui de mieux que le Distingué Camarade pour choisir en fonction de multiples critères (militantisme, compétence, âges, sexe…) ceux qui sont censés l’accompagner dans la réalisation de son projet de société ?
D’ailleurs sur la liste définitive, 71% des investitures correspondent aux résultats obtenus lors des primaires contre 28% issus des ajustements opérés par le Directoire du Parti. Précisons qu’à propos du choix des hommes, tous les candidats retenus sur la liste définitive figuraient parmi les trois premiers choisis par leurs pairs. Pourtant, sur la base d’une mauvaise foi certains n’ont pas hésité à affirmer que le Distingué Camarade Président a trahi le choix de la base.
Quelle ineptie !
L’histoire de notre pays a montré que le choix des hommes pour défendre les couleurs des partis politiques n’a jamais fait l’unanimité. Mais le rôle d’un chef est, aussi, de procéder à des choix, fussent-ils cornéliens.
Un grand homme Américain disait que « je n’ai pas la recette du succès. Mais pour échouer, il suffit de vouloir contenter tout le monde ».
D’ailleurs, T. Phillips a constaté que « les meilleurs dirigeants prennent leurs décisions à la première opportunité, et ils ne tergiversent pas ».
Quant à ceux qui pensent que les camarades qui n’ont pas été retenus sur la liste définitive des candidats du PDG pourraient se soustraire à leur obligation lors du vote du 30 janvier et du 6 février, il convient de rappeler qu’ils ont été élus sous la bannière du Parti Démocratique Gabonais dont le Président Fondateur, Omar Bongo, aimait à rappeler que : « Il faut qu’il y ait beaucoup de discipline pour que la démocratie puisse évoluer harmonieusement ».
En d’autres termes, la discipline est l’apanage du bon militant et un bon militant c’est celui qui applique les consignes du Parti Démocratique Gabonais et c’est l’application de ces consignes qui a toujours permis au Parti de rafler la mise lors des précédentes élections.
Pourquoi devrait-il en être autrement au sortir des prochaines élections sénatoriales ?
Jean-Damien MALOBA
Directeur Adjoint du Centre d’Etudes Politiques du Parti Démocratique Gabonais (PDG)