TRIBUNE LIBRE | A l’école du TRIUMVIRAT

Le débat sur le projet de loi portant modernisation de la Constitution gabonaise a projeté au-devant de la scène la notion de Triumvirat. 

Avant toute chose, allons-y comprendre ce qu’est exactement un Triumvirat. Une définition simplifiée désigne le triumvirat comme étant une association de trois personnes qui exercent un pouvoir, une influence.

1️⃣ Comment se met-il en place ?

Dans le cas d’une vacance de pouvoir constatée ou d’une indisponibilité temporaire, le projet de loi portant révision de la Constitution, discuté actuellement devant le parlement dont l’Assemblée Nationale a déjà adopté le texte en première lecture, propose la mise en place d’un collège de 3 personnalités. Le Président du Sénat, à qui la Constitution reconnait déjà un rôle prépondérant dans l’éventualité d’une transition, le Président de l’Assemblée Nationale par le jeu de la légitimité directe et le Ministre de la Défense pour les aspects de sureté de l’Etat et de sécurité.

2️⃣ Le Président du Sénat

Rien n’a changé en termes de présence du Président du Sénat, qui fait toujours partie du collège des décideurs dans l’éventualité d’une transition au sommet de notre pays. Loin des affirmations gratuites faites dans l’urgence d’une course à la popularité ou à l’opinion.
Le projet de loi portant révision de la Constitution, en maintenant le Président du Sénat dans le Triumvirat, traduit toujours la confiance de notre Loi fondamentale en cette institution.

3️⃣ Le Président de l’Assemblée Nationale

Fait nouveau, la présence dans le collège de décideurs en cas de vacance de pouvoir, du Président de l’Assemblée Nationale. Cette présence s’explique du fait qu’il est important d’accorder au triumvirat une légitimité directe, les députés étant élus au suffrage universel direct, de même pour le Président de la République, au nom duquel le triumvirat pourrait se mettre en place.

4️⃣ Le Ministre de la Défense

Dans l’éventualité d’une transition, une période de grandes incertitudes, tant le pays est soumis aux dangers endogènes aussi bien qu’exogènes, la première préoccupation des Gabonais s’avère être la sécurité. Aussi bien des personnes et des biens que l’inviolabilité du territoire national qui doit rester imperméable à toutes velléités de rupture d’ordre public ou constitutionnel.
L’introduction du Ministre de la Défense dans ce collège de décideurs, est rassurante à plusieurs égards. Le Président de la République, étant le Chef Suprême des Armées et garant de l’intégrité territoriale, il me semble indiqué que le Ministre de la Défense fasse partie du Triumvirat.

En conclusion :

Il est mieux d’avoir en charge des affaires du pays dans l’éventualité d’une transition ou d’une indisponibilité temporaire du Président de la République, trois (3) personnalités plutôt qu’une seule.
Trois (3) avis au moment d’une prise de décisions valent bien mieux qu’un seul. La solitude du pouvoir est parfois un poids lourd à porter.

En optant pour un collège de décideurs, le Gabon notre pays se dote d’une Constitution à même de supporter l’imprévisibilité des soubresauts dans le cas d’une vacance de pouvoir constatée ou d’une indisponibilité temporaire du Chef de l’Etat. On peut très bien introduire des dispositions aussi pertinentes dans notre Loi fondamentale et ne jamais avoir à les activer.

Il faut donc savoir raison garder.

Jo DIOUMY MOUBASSANGO
Conseiller du Distingué Camarade Président auprès du Secrétaire Général, Porte-parole du Parti Démocratique Gabonais (PDG).